Aiesha Robinson | Conférencière et Coach pour Adolescents | #VITILIGO
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- 23 avr.
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À seulement 18 ans, elle a reçu un diagnostic qui allait changer la manière dont le monde la voyait — et, plus important encore, la manière dont elle se voyait elle-même. Atteinte de vitiligo, une affection de la peau qui provoque une perte de pigmentation par plaques, elle a été forcée de confronter les normes sociales de beauté et d’appartenance dans un monde qui exige souvent la conformité.
Mais pour elle, la lutte pour l’identité avait commencé bien avant ce diagnostic.
« En grandissant, j’étais la seule enfant noire de ma classe et l’une des trois dans toute l’école », se souvient-elle. « J’ai toujours eu du mal à m’accepter. Pour moi, être blanche signifiait être privilégiée — cela voulait dire être acceptée et ne pas être moquée. »
Enfant, elle a subi un harcèlement constant en raison de sa couleur de peau. Puis, lorsque le vitiligo est apparu à la fin de son adolescence, sa différence est devenue visible d’une toute autre manière. Ce qui avait été une lutte intérieure liée à l’appartenance est devenu quelque chose qu’elle ne pouvait plus cacher.
« Quand j’ai eu 18 ans et qu’on m’a diagnostiqué le vitiligo, je n’avais pas le choix : je devais me démarquer. Les gens m’arrêtaient dans la rue pour me dire d’aller à Cuba parce qu’ils avaient entendu dire qu’il existait un remède. D’autres me disaient que je ressemblais à une vache, ou que j’étais maudite. »
Ces expériences douloureuses l’ont poussée à se tourner vers elle-même. Avec le temps, elle a compris que la véritable confiance devait venir de l’intérieur — et non de l’approbation des autres.
« Une fois que je me suis acceptée, moi et la peau dans laquelle je vis, je me suis mise à ne plus me soucier de ce que les autres pensaient de moi », dit-elle. « J’ai dû développer l’amour de soi, car je n’avais pas d’autre choix. »
Son histoire reflète un défi plus large auquel sont confrontés de nombreux jeunes Noirs grandissant dans des environnements où la représentation est limitée. Au lycée, entourée d’une plus grande diversité, elle s’est retrouvée face à une nouvelle crise identitaire.
« Je suis passée de vouloir être cette fille blanche à essayer de m’intégrer en tant que fille noire », explique-t-elle. « Les gens me traitaient d’“Oreo” — noire à l’extérieur, blanche à l’intérieur. Je ne savais pas où était ma place. »
Ces expériences l’ont inspirée à créer Born to Rise, une organisation à but non lucratif qui offre une plateforme permettant aux gens de partager leurs histoires de résilience et de dépassement de l’adversité.
« Il y a tellement de pouvoir dans le fait de raconter son histoire », dit-elle. « Nous nous connectons profondément grâce à nos expériences communes. C’est pourquoi je voulais créer un espace sûr pour que les gens puissent exprimer ce qu’ils vivent — même anonymement, s’ils le souhaitent. »
Pour elle, le processus commence par l’écoute.
« Nous devons écouter avec intention — pas seulement pour répondre », insiste-t-elle. « Quand les jeunes parlent de ce qu’ils traversent, cela va souvent beaucoup plus loin que ce que l’on voit en surface. »
Avant de fonder Born to Rise, elle a traversé une période de dépression et de doute de soi. Après avoir quitté l’école, elle a tenté de poursuivre un diplôme en gestion des ressources humaines à l’Université Concordia, poussée par les attentes de ses parents.
« Mes parents me disaient toujours : “Tu dois avoir un diplôme. Tu ne peux pas trouver de travail sans ça” », se souvient-elle. « À l’époque, je travaillais au département des changes chez EMO, mais la vie de bureau de 9h à 17h ne me parlait pas vraiment. »
Elle a alors choisi de canaliser son énergie dans la création de quelque chose qui, lui, avait du sens. Born to Rise est devenu le reflet de son parcours — transformant la douleur personnelle en source d’inspiration et d’autonomisation pour les autres.
« Quelle que soit la douleur que vous traversez, quelle que soit l’adversité que vous affrontez — c’est votre plus grand pouvoir », affirme-t-elle. « Ce que vous considérez comme une faiblesse peut être exactement ce qui aidera quelqu’un d’autre à surmonter ses propres difficultés. »
Pourtant, elle admet que le fait d’avoir abandonné ses études lui a laissé un sentiment persistant de syndrome de l’imposteur.
« À ce jour, je ressens encore ce manque d’éducation formelle », confie-t-elle. « Si vous pensez à retourner à l’école — faites-le. Allez-y simplement. Je prévois de reprendre mes études, car si l’expérience me donne une voix, l’éducation me donnerait les outils pour aller encore plus loin. »
Son histoire ne parle pas seulement du vitiligo — elle parle de transformation, de résilience et de redéfinition de la beauté et du succès selon ses propres termes.
À travers son organisme, son engagement et sa volonté de se montrer vulnérable, elle continue d’inspirer d’autres personnes à s’élever au-dessus de la honte, du jugement et de la peur.
« Tout commence de l’intérieur », affirme-t-elle avec conviction. « L’acceptation de soi, la confiance et l’amour — une fois que vous les possédez, personne ne peut vous enlever votre lumière. »




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