top of page

Conférence de presse : LA FAMILLE EXIGE UNE ENQUÊTE SUR LA MORT DE LEUR FILS NICOUS – Coalition Rouge

  • Photo du rédacteur: Editor
    Editor
  • 9 janv. 2023
  • 4 min de lecture
ree

Une coalition de militants communautaires et d’universitaires a tenu une conférence de presse aujourd’hui pour exiger justice et responsabilité systémique suite au décès de Nicos Spring, un jeune homme noir de 22 ans décédé en détention au Centre de détention Bordeaux pendant les Fêtes de Noël.


La Coalition Rouge, accompagnée de David Austin — professeur en sciences humaines au Collège John Abbott et en études canadiennes à l’Université McGill — a appelé les autorités provinciales à agir immédiatement, citant des preuves de détention illégale, d’un manque de surveillance adéquate et d’un racisme systémique profondément ancré au sein du système correctionnel québécois.


Spring, décrit par ses proches comme un fils, un frère, un mentor et un artiste en devenir, aurait été détenu illégalement à l’établissement Bordeaux malgré une audience sur la mise en liberté sous caution le 23 décembre qui aurait dû aboutir à sa libération. Les autorités provinciales ont depuis confirmé que deux autres personnes ayant comparu devant le tribunal ce même jour avaient également été détenues illégalement et n’ont été libérées que le 24 décembre. Spring n’a jamais recouvré la liberté.


« Nicos était un homme innocent », a déclaré un porte-parole de la Coalition Rouge. « Il attendait son procès, bénéficiait de la présomption d’innocence, et pourtant il est décédé en détention étatique dans des circonstances qui demeurent enveloppées de secret. »


La Coalition a souligné que, même si la cause exacte du décès fait toujours l’objet d’une enquête du bureau du coroner — et qu’une enquête criminelle distincte est menée par la Sûreté du Québec (SQ) —, le contexte plus large ne peut être ignoré. Elle a cité un rapport de novembre 2022 de l’Enquêteur correctionnel du Canada, qui révèle que les personnes noires représentent 9,2 % de la population carcérale fédérale, bien qu’elles ne constituent que 3,5 % de la population totale du Canada — une disparité comparable aux déséquilibres raciaux observés dans le système pénitentiaire américain. Le rapport documente en outre que les détenus noirs sont placés de façon disproportionnée dans des établissements de sécurité maximale, victimes d’incidents impliquant l’usage de la force, et régulièrement exposés à des insultes racistes et à des traitements discriminatoires de la part du personnel.


Au Québec, la situation semble encore plus inquiétante. Une étude de 2021 a révélé que les services correctionnels de la province classifient les détenus selon leur teint — les catégorisant comme « clair », « pâle », « moyen » ou « foncé » — une pratique inexistante ailleurs au Canada. De plus, une décision de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec en 2022 a reconnu qu’un gardien de prison était responsable d’avoir utilisé le mot « nègre » et tenu des propos racistes envers un détenu noir — une affaire qui a mis six ans à être résolue.


« La mort de Nicos Spring ne s’est pas produite dans le vide », a affirmé David Austin. « C’est le triste aboutissement d’une surpolicière dans les communautés marginalisées, du profilage racial, de pratiques discriminatoires en matière de caution et d’un système correctionnel qui traite les corps noirs comme jetables. »


La Coalition a énoncé quatre demandes clés :


Qu’une plainte pour discrimination systémique soit déposée auprès du Protecteur du citoyen du Québec, portant non seulement sur le cas de Spring, mais aussi sur le fonctionnement global du système correctionnel provincial.

Qu’une enquête publique du coroner soit ordonnée par le ministre de la Sécurité publique afin d’examiner pleinement les circonstances entourant la mort de Spring.

Que toutes les images vidéo disponibles du centre de détention prises lors de l’incident soient rendues publiques immédiatement.

Qu’une autopsie indépendante soit réalisée afin de garantir transparence et exactitude dans la détermination de la cause du décès.

La famille de Nicos Spring, sur avis juridique, a choisi de ne pas s’exprimer publiquement lors de cet événement — une décision que la Coalition a déclaré devoir être respectée compte tenu de leur profonde douleur. Toutefois, elle a réaffirmé son engagement à faciliter l’accès médiatique à la famille « en temps opportun ».


De façon critique, la Coalition a remis en question l’adéquation des mécanismes d’enquête actuels. L’enquête criminelle de la SQ et l’examen administratif du ministère de la Sécurité publique ne sont pas publics, et les rapports du coroner au Québec sont généralement succincts et dépourvus de mesures de reddition de comptes. « Nous avons besoin de plus que de simples examens procéduraux », a déclaré le porte-parole. « Nous avons besoin d’une approche systémique qui traite le racisme anti-Noir comme une cause profonde — et non comme une simple considération secondaire. »


Le groupe a également demandé la création d’un comité de surveillance civile pour les services correctionnels du Québec, s’inspirant de modèles existant en Ontario, notamment des organismes indépendants de surveillance policière et des instances d’examen dirigées par la communauté. « Les institutions censées protéger doivent rendre des comptes aux communautés qu’elles servent », a insisté Austin.


Interrogés sur la réaction du gouvernement provincial, les membres de la Coalition se sont montrés sceptiques. Bien que le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, ait reconnu la détention illégale de Spring, les défenseurs estiment que ses gestes restent insuffisants. « Reconnaître les faits ne suffit pas à faire justice », a déclaré un organisateur. « Si vous savez qu’une personne est décédée à cause d’erreurs administratives et d’une mauvaise gestion, lancez une enquête publique — n’attendez pas que les communautés supplient pour obtenir de la transparence. »


Alors que les veillées et les appels à la réforme se multiplient, la Coalition Rouge a juré d’emprunter toutes les voies juridiques et de plaidoyer à sa disposition. « Nicos était bien plus qu’un gros titre », a dit Austin. « C’était un jeune homme porteur de rêves, de relations humaines et d’un avenir qu’on lui a volé. Nous ne laisserons pas sa mort tomber dans l’oubli — ni se reproduire. »


La Coalition a conclu avec un avertissement sans équivoque : sans changement structurel, d’autres vies seront perdues. « Cela se reproduira », a affirmé Austin. « À moins que nous ne démantelions les systèmes qui le permettent. »



Commentaires


bottom of page