FEEJAD: 20 ans d'engagement communautaire
- Editor
- 4 sept.
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À l’occasion du 20e anniversaire du Féjad (Familles pour l’entraide et l’éducation des jeunes et des adultes), l’émission Communauté en action a réuni trois invitées de marque : Perpétu Mukarugiza, fondatrice et directrice générale de l’organisme, Louise Gagier, membre du conseil d’administration, ainsi que Kenza, bénévole active et ancienne enseignante. Ensemble, elles ont retracé l’histoire, la mission et les grandes réalisations d’un organisme devenu incontournable dans son quartier.
Arrivée en 1988 au Québec, Perpétu Mukarugiza fonde Féjad en 2005 après plusieurs années d’initiatives bénévoles. Constatant les défis sociaux des habitations Jeanne-Mance – décrochage scolaire, isolement, pauvreté et insécurité – elle décide d’agir. « J’ai pris le taureau par les cornes », explique-t-elle. « Je voulais que mes enfants grandissent dans un environnement sain, mais aussi contribuer à la société qui m’avait accueillie. »
Son approche repose sur la proximité : aller frapper aux portes, créer le dialogue, comprendre les besoins et mobiliser les familles. Dès ses débuts, c’est dans son propre salon que l’organisme voit le jour, accueillant les enfants pour de l’aide aux devoirs et soutenant les parents dans leur adaptation au système scolaire québécois.
Depuis 20 ans, la mission de Féjad demeure inchangée : favoriser l’autonomie des familles et leur intégration dans la société d’accueil. Cela passe par plusieurs volets :
Soutien psychosocial de proximité, pour accompagner les familles dans leurs défis quotidiens.
Soutien scolaire, afin d’encourager la réussite éducative des jeunes.
Francisation fonctionnelle, essentielle pour les nouveaux arrivants.
Activités communautaires et culturelles (cuisines collectives, ateliers de tricot, yoga, loisirs, sorties familiales).
Mobilisation citoyenne et interculturelle, encourageant la participation civique et la cohésion sociale.
« Nos interventions sont globales et souples », résume Perpétu Mukarugiza. « Il s’agit de briser l’isolement, de créer du lien et d’outiller les familles pour qu’elles trouvent leur place. »
Louise Gagier, témoin de la création de Féjad, rappelle le contexte difficile des années 2000 dans le logement social : insécurité, exclusion et manque de ressources. « L’expérience de Perpétu a permis de créer un nouveau contact communautaire, un milieu de confiance. »
Elle souligne également un tournant décisif : l’implication des hommes. « Très vite, ils ont demandé : “Et nous, qu’est-ce qu’on fait ?”. Nous avons développé des projets pour eux, et surprise : toutes les activités se sont faites en famille. Ce sont même les hommes qui prenaient la cuisine lors des rencontres communautaires. Un véritable changement social. »
Une étude menée par le Crémis (UQAM) a d’ailleurs démontré l’efficacité du modèle Féjad, suscitant un vif intérêt auprès des chercheurs et des organismes communautaires.
Pour Kenza, bénévole et membre active, Féjad est bien plus qu’un organisme : « J’étais isolée à mon arrivée. Féjad m’a ouvert les portes, m’a donné une famille. Grâce aux ateliers, à la francisation et aux activités, j’ai retrouvé une vie sociale, je me sens utile et épanouie. »
Ses mots témoignent de l’essence même de Féjad : transformer l’isolement en solidarité. Aujourd’hui, l’organisme regroupe des familles issues de plus de 70 pays et réussit à bâtir des ponts entre cultures, générations et réalités sociales.
Au-delà de ses activités, Féjad a formé des dizaines de stagiaires universitaires et collégiaux, désireux d’apprendre ses méthodes d’intervention. L’organisme a aussi encouragé la participation citoyenne : nombre de ses membres assistent désormais aux conseils municipaux, posent des questions et s’impliquent activement dans la vie publique.
« Ce que Féjad a réussi, peu d’organismes l’ont accompli », conclut Louise Gagier. « C’est un modèle d’inclusion et d’empowerment qui continue de porter ses fruits. »
Si les défis demeurent – financement, adaptation aux nouvelles réalités sociales et économiques – Féjad reste fidèle à son essence : l’entraide, l’éducation et l’inclusion. « Chaque pas que nous faisons ensemble, c’est une victoire », affirme Perpétu Mukarugiza. « Notre mission est de transformer des vies, et après 20 ans, nous savons que c’est possible. »
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