40e Anniversaire du journal LeMONDEDEMONTREAL.com | HISTOIRE AU COMPLET
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- 30 mai 2023
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Dernière mise à jour : 22 août

Montréal – Quarante ans d’engagement, de lutte et de solidarité : c’est ce que représente aujourd’hui le Journal communautaire Le Monde, un pilier d’information locale né en 1983 dans le quartier Saint-Michel. À l’occasion de son 40ᵉ anniversaire, l’équipe du journal est revenue sur son parcours marqué par des défis financiers, un engagement bénévole inlassable et une volonté farouche de donner une voix à ceux qui, trop souvent, n’en ont pas.
Fondé sous le nom Le Petit Monde de Saint-Michel par des figures locales telles que M. Gagnon, M. Jolicœur et M. Durocher, le journal avait pour mission de relayer les réalités vécues dans le quartier. Très vite, il est devenu un outil essentiel d’information et de mobilisation pour la communauté.
« À l’époque, nous n’avions même pas de local. Tout se faisait dans les salons des uns et des autres. Mais la volonté d’informer et de rassembler était plus forte que tout », rappelle un ancien membre du conseil d’administration.
En 1994, le journal change de nom et devient Le Monde, élargissant sa couverture à d’autres quartiers du nord et du centre de Montréal.
La trajectoire du journal n’a pas été sans heurts. Manque de financement, difficultés de gestion et démotivation au sein du conseil d’administration ont parfois menacé sa survie.
En 2018, un coup dur survient : la coupure presque totale des subventions par le ministère de la Culture. « On nous avait réduit à 6 000 $ pour l’année. Autant dire, rien. Mais nous avons résisté », se souvient Paul Alexis François, actuel directeur du journal.
C’est grâce au soutien de figures engagées comme Solange Allen, présidente sortante et véritable « pierre angulaire » du projet, que le journal a pu se maintenir à flot. Diplômée de HEC Montréal et forte de son expérience au ministère du Revenu, elle a apporté rigueur et vision stratégique, permettant à l’équipe de garder le cap.
Pendant des décennies, la distribution du journal a reposé sur des bénévoles dévoués. Certains se rappellent encore des livraisons, dès 5 heures du matin, dans les quartiers populaires de Montréal-Nord, Saint-Michel ou encore Rivière-des-Prairies.
« Nous étions comme des camelots, avec la voiture remplie de journaux. C’était épuisant, mais voir la joie des résidents qui attendaient leur copie valait tous les sacrifices », témoigne Vladimir Dalva, bénévole de longue date.
Aujourd’hui, la distribution s’appuie sur une équipe professionnelle, mais l’esprit de solidarité demeure intact.
Plus qu’un simple média, Le Monde se considère comme un organisme de bienfaisance. Son rôle est de relayer les préoccupations des citoyens, de mettre en lumière les initiatives locales et de soutenir les jeunes.
Grâce à un partenariat avec le regroupement Jeunesse en action, des jeunes sont formés à la rédaction, au numérique et à la gestion du site web. « Cela les éloigne de l’oisiveté et leur donne un sentiment d’appartenance », souligne Alexis François.
L’équipe a également pu compter sur l’appui académique d’institutions comme le Cégep de Rosemont, où des professeurs et étudiants en communication ont collaboré à la modernisation du journal.
En 2013, Le Monde a lancé son site internet (lemonddemontreal.com), marquant son virage numérique. Une nouvelle version, plus moderne et inspirée des grands quotidiens internationaux, est en préparation pour mieux répondre aux attentes du lectorat.
« Nous voulons que Le Monde soit à la fois accessible en format papier et numérique, afin de rejoindre toutes les générations », explique Max Joseph Rosalbère, responsable du volet web.
Avec un tirage qui est passé de 4 000 exemplaires à 10 000, Le Monde demeure une référence dans le paysage médiatique communautaire montréalais. Si la recherche de financement reste un défi permanent, l’équipe garde foi en sa mission.
« Beaucoup de journaux ont fermé. Nous, nous sommes encore là. Et tant qu’il y aura une communauté à informer, Le Monde continuera », affirme avec conviction Alexis François.
Au-delà de la célébration, l’équipe insiste : la survie du journal repose sur la participation citoyenne. Chaque contribution — qu’elle soit financière, bénévole ou simplement par le partage d’informations locales — est une pierre ajoutée à l’édifice.
« Nous sommes la voix des sans-voix. Mais cette voix ne peut résonner que si toute la communauté l’alimente », conclut la présidente sortante Solange Allen.




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