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Mariana Djelo Baldé | PRESTATION | GALA OTENTIK EXTRAVAGANZA 2025

  • Photo du rédacteur: Editor
    Editor
  • 12 juin
  • 2 min de lecture
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MONTRÉAL – Dans un vibrant hommage à la mémoire, à la beauté, et à la résilience des peuples africains, une conteuse moderne a livré une performance envoûtante devant une communauté réunie, entre rires, musique, et méditation. Un récit tissé avec la délicatesse des doigts d’une tresseuse et la sagesse d’un philosophe.


"Il y a très, très longtemps, un grand philosophe malien, Amadou Hampâté Bâ, disait que le conte est un miroir où chacun peut voir sa propre image."


 Ainsi débute cette performance, ancrée dans l’idée que les contes ne sont pas de simples fictions, mais des ponts entre le passé et l’avenir.


La scène s’ouvre sur une évocation rituelle : la kora, les applaudissements, les invocations communautaires. Puis, la voix conteuse s’élève, évoquant Miriam Makeba, née « Ouinzilé », dont le prénom même rappelle les traditions zouloues où le nom reflète le contexte de la naissance. Une mémoire vivante, enrichie d’histoires peu racontées.


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"Je pourrais vous parler des Mossi, du Fouta, des peuples sans origine fixe parce qu’ils viennent de partout… Je pourrais aussi vous raconter que, jadis, les femmes portaient leurs coiffures comme on porte une carte d’identité."


Des propos puissants, illustrant comment les tresses africaines étaient jadis des marqueurs sociaux, géographiques et émotionnels : elles indiquaient la région d’origine, le statut matrimonial, voire les deuils. Puis, vient la douleur : la traite négrière.


Lorsque les esclavagistes arrachèrent des milliers d’hommes et de femmes à leur terre, la première chose qu’ils rasèrent, c’étaient leurs cheveux. Un geste symbolique, un effacement brutal d’identité.


Mais la résistance s’organise. Dans les champs de coton, des femmes cachent des grains de riz dans leurs tresses pour survivre. On apprend aussi qu’en Louisiane, une loi – le Tignon Law – interdisait aux femmes noires d’exhiber leur beauté. Trop éclatantes. Trop fières. Trop présentes.


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Pourtant, des héroïnes s’élèvent. Kimpa Vita, prophétesse du royaume Kongo ; Abla Pokou, fondatrice du peuple Baoulé ; Brenda Fassie, voix contestataire d’Afrique du Sud ; et des femmes d’aujourd’hui comme Amina Gerba et Sylvie Gassama, devenues des symboles de transformation sociale et économique.


La performance prend un tour plus théâtral et introspectif dans sa deuxième partie. Les spectateurs deviennent acteurs d’un jeu symbolique : chacun tient un peigne, regarde un autre dans les yeux et confie un rêve, comme on initie une tresse.


Puis vient l’histoire de Na, une petite fille d’une beauté rare, dont les cheveux poussent si vite qu’ils deviennent objets de moquerie. Chaque séance de tressage devient une douleur. Trop souvent, la beauté est synonyme de souffrance.


 Les tresseuses se réunissent, fatiguées de voir les enfants pleurer. "Pourquoi faut-il souffrir pour être belle ?" demande Na. La réponse tarde. Mais la question reste, suspendue, à la fois douloureuse et libératrice.


En tressant, la narratrice nous invite à imaginer que chaque coup de peigne répare une injustice, restaure un peuple, réconcilie une mémoire.


Le geste devient sacré : peigner, tresser, honorer.


La soirée s’achève sur un rituel inspiré de la tradition guinéenne.

"Talio", dit la conteuse – "C’est l’heure de l’histoire."


Et la communauté répond : "Talaté" – Raconte.



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