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L’AfroMusée reviens bientôt | Retour sur un parcours culturel exceptionnel | Héritage VIVANT

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  • 27 oct.
  • 3 min de lecture
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Dans une ambiance à la fois émouvante et résolument tournée vers l’avenir, une soirée hommage a été organisée en l’honneur de l’Afromusée, ce lieu emblématique de Montréal qui ferme temporairement ses portes après plus de onze années d’existence. L’événement, orchestré avec finesse par Marianna Bald, a réuni artistes, militants culturels, partenaires institutionnels et membres de la communauté afrodescendante pour saluer non pas une fin, mais une « pause nécessaire » — voire une mue.


Fondé par Guy Mushagalusa, l’Afromusée s’est imposé comme un espace rare dédié aux arts visuels africains et afro-caribéens, comblant un vide criant dans le paysage culturel québécois. « Pendant 11 ans, cet endroit a été bien plus qu’une galerie : c’était une maison, un lieu de résilience, de rencontre et de création », a souligné Mushagalusa, visiblement touché par la foule rassemblée. Il a expliqué que la décision de suspendre les activités découle de pressions immobilières insoutenables exercées par le propriétaire des lieux, Olymbec, malgré une gestion financière saine et sans dettes.


Plutôt que de se laisser abattre, l’initiateur de ce projet visionnaire a choisi la paix — une paix stratégique, destinée à permettre une réinvention. « L’Afromusée n’est pas un lieu, c’est un esprit. Et cet esprit, personne ne peut nous le prendre », a-t-il lancé, évoquant la métaphore de la chenille qui devient papillon. Une vision partagée par de nombreux intervenants présents, parmi lesquels Gérard Le Chen, cofondateur du festival Vues d’Afrique, qui a rappelé que ce dernier fêtait cette année ses 40 ans d’existence, incarnant lui aussi la persévérance culturelle face à l’indifférence initiale des institutions.


La soirée a mis en lumière le rôle interculturel et transgénérationnel de l’Afromusée. Des témoignages poignants se sont succédé : Rebecca Jean, artiste haïtienne-québécoise, a évoqué les collaborations nées sur scène entre créateurs de diverses origines ; Abdouahï, jeune membre de la relève, a confié combien ce lieu l’avait aidé à forger son identité ; Sadia Groguhet, élue municipale, a salué « un cœur sur pattes » qui a su rassembler au-delà des frontières.


Mais au-delà des hommages, un appel à l’action a retenti avec force. Christian Basson, de la Banque TD, a lancé un défi à la communauté : « Il ne suffit plus d’être en demande. Il faut se prendre en charge. » Karini Somba, directrice de l’organisme Lève-toi et prie, a insisté sur la nécessité de passer « des discours à l’action », en mobilisant des ressources financières concrètes. Des initiatives comme le projet d’immobilier culturel collectif inspiré de la Harlem Renaissance ont été évoquées comme pistes pour assurer la pérennité de l’Afromusée.


Freddy Bamba, bras droit de Guy, et Bénédicte Kaninda, membre du conseil d’administration, ont conclu par un message d’unité : « Ce n’est pas l’affaire d’un seul homme, mais d’une famille entière. » Et si Guy s’accorde un temps de repos bien mérité — « on le dépose à l’aéroport demain », a lancé Bénédicte avec tendresse —, la communauté, elle, ne compte pas ralentir.


Dans un silence respectueux ponctué par une minute de recueillement symbolique, les œuvres de l’Afromusée semblaient murmurer entre elles : ce n’est pas une fin, mais le commencement d’un nouveau chapitre. Un chapitre que tous, ensemble, s’engagent à écrire — plus fort, plus inclusif, et plus durable.


« Là où on s’aime, il ne fait jamais nuit », dit un proverbe africain. Ce soir-là, la lumière était bien là — portée par des milliers de voix, de mains tendues, et d’âmes déterminées à ne pas laisser s’éteindre la flamme.



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